MOF, des lettres d’excellence

Le premier Salon de l’excellence artisanale de Chauvigny va réunir du 12 au 14 avril une trentaine d’artisans d’art, parmi lesquels une dizaine de Meilleurs Ouvriers de France dont l’enlumineuse Myriam Chesseboeuf, à l’initiative de l’événement.

Claire Brugier

Le7.info

« Donner accès au beau. » C’est animée par ce credo que Myriam Chesseboeuf a imaginé, avec le concours de la municipalité de Chauvigny, le premier Salon de l’excellence artisanale. Du 12 au 14 avril, la manifestation va rassembler une trentaine d’artisans -vingt-huit métiers-, dont une dizaine de Meilleurs Ouvriers de France. Hasard du calendrier, le prestigieux titre de MOF fête cette année ses 100 ans et, malgré son grand âge, il n’a rien perdu de sa superbe. Bien sûr, il n’existe pas qu’un seul chemin vers l’excellence. Pour preuve, celui de Myriam Chesseboeuf a longtemps couru en parallèle de sa vie professionnelle. Il n’existe pas non plus un seul domaine où exceller. La Chauvinoise, elle, a choisi l’enluminure là où d’autres explorent la sculpture sur pierre, la céramique, le soufflage sur verre, la vannerie, la reliure, la lunetterie… Seule certitude : 
« quand on va vers l’excellence, on grandit dans son travail. Il faut toujours penser qu’on ne fait pas assez bien », 
glisse avec simplicité celle qui a décroché la prestigieuse veste à col bleu-blanc-rouge en 2019, pour elle le symbole d’un nouveau départ.

« C’était un impératif »

Dans la quiétude de son atelier chauvinois, perché en ville haute, l’enlumineuse goûte le chemin parcouru depuis le temps où elle cantonnait son talent de calligraphe et d’illustratrice au rang de simple loisir, elle qui avait pourtant grandi 
« le nez dans les pots de peinture de [son] grand-père et de [son] père ». Il aura fallu un -premier- nouveau départ au Québec pour qu’elle ose enfin sauter le pas. Puis, pendant ces treize années passées outre-Atlantique, elle a perfectionné son art. « Je travaillais pour le grand public (des poèmes, des faire-part, des menus…) et pour le protocole, l’Education nationale, l’Autorité héraldique du Canada… » Myriam Chesseboeuf dépeint « une expérience fabuleuse » qui a pris fin en 2017, à son retour sur le Vieux Continent. Tout était à refaire… en mieux évidemment ! 
Alors l’enlumineuse passionnée s’est inscrite au concours de MOF. 
« J’ai pris mes bagages et je suis partie au XVe siècle ! » Dix-huit mois plus tard, elle rendait, thèse à l’appui, le chef-d’œuvre demandé : la copie conforme du folio 61 recto des Grandes Heures du Duc de Berry. « Si je n’avais pas obtenu le titre, je changeais de métier. J’avais 
53 ans. C’était un impératif pour démontrer ma compétence et repartir à zéro, explique-t-elle. Le titre de MOF, c’est une grande porte dorée qui s’ouvre. Vous touchez une clientèle haut de gamme, nationale et internationale. La médaille crée de la confiance et ouvre vers des projets fantastiques. » De quoi remplir tout un atelier et, au-delà, une vie d’artisane d’art. « En tant que MOF, on est porteur de quelque chose, on a une mission. » Celle de donner accès au beau…


Salon de l’excellence artisanale (expositions, démonstrations, échanges), Théâtre Charles-Trenet, à Chauvigny, samedi 13 avril de 10h à 18h et dimanche 14 avril de 10h à 17h (vendredi pour les scolaires). Accès libre.


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