Le Dernier des juifs : une ode à l'humanité

Pour son premier film, le réalisateur Noé Debré prend des risques, et ça paye ! Véritable leçon d’humanisme, Le Dernier des juifs est une agréable surprise dans ce contexte de tension.

Charlotte Cresson

Le7.info

Dans Le Dernier des juifs, le réalisateur Noé Debré nous emmène à la rencontre de Ruben Bellisha (Michael Zindel) et de sa mère Giselle (Agnès Jaoui). Tous deux vivent dans une cité d’une ville de la région parisienne dont le nom reste un mystère. Bellisha, 26 ans, anti-héros fantasque et maladroit, vit dans son quartier au rythme d’un retraité. Il fait ses courses en fonction des jours de la semaine, fait des rencontres au café du coin et parle de futilités avec sa mère. Giselle, elle, est une mère juive qui sait en quelques secondes si un poulet est casher ou non. Atteinte d’une maladie rénale, elle sort très peu de chez elle et s’inquiète pour tout. Elle rêve de quitter sa banlieue, marquée par l’exode des juifs et la montée de l’antisémitisme, que son fils tente de lui cacher. Cette comédie dramatique aborde le repli communautariste et l’antisémitisme avec brio. Le pari est risqué dans ce contexte de conflit opposant Israël et le Hamas mais Noé Debré, qui tenait à sortir son film, s’en tire de façon magistrale. En mêlant humour et gravité, il lutte avec subtilité contre l’intolérance et les préjugés et soulève la question du sentiment d’appartenance. Se sent-on plus chez soi dans la ville où l’on a grandi ou bien sur la terre de ses ancêtres ? Faut-il partir ou bien rester ? Le spectateur suit le maladroit Bellisha au rythme d’une narration reposante qui rappelle la Nouvelle Vague. Dans ce quartier déserté par les autres juifs, on passe sans transition des blagues entre copains de toutes origines aux tags glaçants inscrits sur les portes des appartements. L’équilibre entre humour et sujets graves est bien dosé dans ce film poignant et sans artifice. Agnès Jaoui, sage et magistrale, joue avec justesse aux côtés du jeune et prometteur Michael Zindel. Le duo mère-fils, drôle et touchant, émeut et permet au spectateur de s’identifier sans problème. Le Dernier des juifs vise à apporter un regard réconciliateur et humaniste dans ce contexte où règnent les amalgames. Un film nécessaire et pertinent qui envoie un signal fort contre la peur et la haine.


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