Un atelier de découpe au service du territoire

Nécessaires au développement de circuits courts dans le domaine de la viande, les ateliers de découpe sont encore rares dans la Vienne. La Cuma des Prés gourmands vient d’en ouvrir un à Châtellerault, avec un large soutien des collectivités.

Claire Brugier

Le7.info

Six ans. Il aura fallu six ans aux cinq agriculteurs de la Cuma des Prés gourmands(*) pour faire aboutir leur projet d’atelier de découpe et de préparation de viande -et de légumes- à destination des exploitants agricoles du Châtelleraudais. Leur persévérance a fini par payer et ils ont reçu le soutien sonnant et trébuchant des collectivités : la Ville de Châtellerault 
(50 000€), l’Union européenne 
(182 158€), la Région (110 000€), l’Etat (104 727€) et le Département (50 000€). Soit au total 496 885€ d’aides publiques pour un projet d’1,1M€, matérialisé par le bâtiment qui a poussé zone du Sanital.

Le flambant neuf Atelier des Prés gourmands a aussi bénéficié de l’accompagnement du Centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (Civam). Outil collectif pensé pour satisfaire tous les agriculteurs souhaitant transformer eux-mêmes leur production, il comprend cinq chambres froides, un espace de découpe, une zone de préparation chaude, une légumerie, ainsi que des pièces de stockage, bureaux et vestiaires. « Le projet s’appuie au démarrage sur 20 tonnes de viande en découpe sur l’année mais on pourra monter jusqu’à 40 tonnes », précise le président de la Cuma Martin Souriau. Côté transformation, l’outil est également loin d’être à plein régime avec seulement « soixante demi-journées d’utilisation pour le moment ».

Acteur de la transformation

Le département comptait jusqu’à présent une structure de découpe à Adriers, l’atelier Mont-Terroir porté par la Cuma éponyme, et une autre est attendue pour 2025 à Coulombiers, fruit de la collaboration de producteurs et du lycée agricole de Venours. 


A Châtellerault, la Cuma des Prés gourmands a d’ores et déjà embauché un boucher et une personne en charge de l’entretien sanitaire. Reste désormais à « trouver de nouveaux producteurs pour intégrer le projet », résume Martin Souriau, convaincu et convaincant. « Grâce à cet atelier, on est acteur de sa transformation. Non seulement les transports et le temps de travail sont réduits, mais on garde la maîtrise de nos produits jusqu’au bout. Et pour ceux qui ne transforment pas encore, cela peut permettre de se lancer dans la vente directe. » 


Le projet dépasse toutefois largement le seul périmètre des fermes et s’inscrit dans le développement de circuits courts susceptibles d’alimenter la restauration collective, un objectif au cœur du Plan alimentaire territorial (PAT) de Grand Châtellerault. 


Seule rupture dans ce parcours du champ au consommateur : 
l’étape abattage. A l’heure actuelle, les carcasses qui arrivent à Châtellerault ont fait un détour par Mérigny (Indre) ou Parthenay (Deux-Sèvres). « On manquait d’outils de transformation, bientôt on va manquer d’outils d’abattage ! », lâche Martin Souriau.


(*)Gaec de la Ferme de Dana, Gaec Au Paradis de Senillé, Le Cochon d’Antran, Gaec de la Croix blanche, Ferme des 
3 cheminées.

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