N’avoue jamais sans prescription

Entre humour et réalisme, N’avoue jamais, la nouvelle comédie d’Ivan Calbérac, interroge le couple et plus largement la famille, mais il est surtout porté par un casting de choix, Sabine Azéma, André Dussolier et Thierry Lhermitte en tête.

Claire Brugier

Le7.info

Ils ont vieilli bien sûr, au point d’incarner désormais un couple de septuagénaires, mais le duo que forment Sabine Azéma et André Dussolier, inénarrables parents du Tanguy d’Etienne Chatiliez, n’a pas pris une ride. Dans le nouveau long-métrage d’Ivan Calbérac, N’avoue jamais, qui scelle leur onzième collaboration sur grand écran, les deux comédiens campent François et Annie, mariés, trois enfants, bientôt cinq petits-enfants, une vie réglée comme du papier à musique et régie par des valeurs militaires d’un autre âge. Dans la famille Marsault, on est général de père en fils -enfin presque- et on est capable de chanter la Marseillaise revisitée à un anniversaire ! Autant dire que le mot prescription, même accolé à des faits remontant aux calendes grecques, ne saurait trouver grâce aux yeux de François. Alors quand il découvre qu’Annie a eu une liaison adultérine quarante ans auparavant, le mari offensé ne pense plus qu’à rétablir manu militari son honneur bafoué. Crime invoqué : la « haute trahison », ni plus ni moins. Voilà donc le spectateur embarqué dans une mission punitive pleine d’excès, abreuvé jusqu’à l’indigestion du vocabulaire martial et des métaphores guerrières du général en retraite. En face, Thierry Lhermitte, alias Boris, ressuscite en version grisonnante le Popeye des Bronzés de Patrice Leconte. La confrontation se révèle joyeuse, portée par une réalisation particulièrement sobre, un peu lente par moments, qui interroge sans en avoir l’air ce qui fait le couple, les relations parents-enfants, la famille. On reconnaît derrière le réalisateur de cinéma l’homme de théâtre, particulièrement soucieux des dialogues et tenté par une mise en scène très -trop ?- théâtralisée. Les acteurs sont impeccables avec, à côté du trio de septuagénaires, une mention spéciale à Joséphine de Meaux, émouvante Capucine.


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