Domalys accélère sur les visières

Quasiment à l’arrêt depuis le début du confinement, l’entreprise poitevine Domalys prépare une livraison de plusieurs dizaines de milliers de visières censées protéger les soignants confrontés au virus. Une initiative parmi de nombreuses autres dans la Vienne.

Arnault Varanne

Le7.info

En temps de « paix », Domalys fournit des matériels (tables, chaises, lampes...) aux Ehpad pour faciliter la vie des personnes âgées. En temps de « guerre » selon le vocable présidentiel, la PME installée à Fontaine-le-Comte s’est très vite reconvertie dans la création de visières destinées à protéger les soignants. « Nous sommes presque à l’arrêt sur la production classique, reconnaît Maximilien Petitgenet. Le 1er avril, le CHU de Bordeaux (*) nous a sollicités via l’UIMM, comme d’autres entreprises du territoire. Le 2, nous avons sollicité quelques clients (des Ehpad) pour les sonder. Et nous avons reçu des tonnes de commandes en quelques heures. » 15 000 en 72 heures, précisément !

Le week-end des 4-5 avril, CDA Développement, à Châtellerault, a conçu le moule nécessaire à l’industrialisation de la visière. Ou plutôt des visières car Domalys a conçu deux modèles distincts (notre photo). Celui doté d’arceaux bleus est destiné aux soignants (5€, vendu à prix coûtant), il est « plus léger et simple » que la version orange destinée à équiper les salariés de l’industrie. « Save U » dispose de façades interchangeables. « Cela ne remplace pas un masque dans beaucoup de professions, mais la visière protège les yeux des postillons », prolonge le directeur associé. Si bien que les soignants ne sont pas les seuls à les réclamer. Enseignants, personnels de crèches, forces de l’ordre sont demandeurs.

Une dizaine de salariés sur le pont

Si les 6 000 premiers exemplaires ont été expédiés gratuitement aux Ehpad, centres hospitaliers, cabinets médicaux et Départements, ce n’est désormais plus le cas. Les volumes ayant explosé -entre 30 000 et 50 000 exemplaires fabriqués en avril-, les visières sont envoyées en échange d’une simple participation aux frais de matière première. Coût de la pièce : 9€ HT. Une dizaine de salariés sont à pied d’œuvre dans l’usine de L’Isle-Jourdain, les autres en chômage partiel. Ils attendent une reprise de l’activité classique dont l’issue est encore incertaine.

(*) L'initiative a été impulsée par le Pr Nicolas Perry (Ensam Bordeaux), après validation du Dr Bui, du service de réanimation du CHU de Bordeaux, du Pr Gruson, directeur, après avis du Pr Morlat, président de la commission médicale d'établissement du CHU de Bordeaux.

Plus d'infos sur domalys.fr


Les Usines en fabriquent aussi

Depuis plus de quinze jours, le fablab des Usines, à Ligugé, participe à l’élan de solidarité en faveur des personnels soignants. Le tiers-lieu vient d’honorer une commande du CHU de Poitiers de 2 000 exemplaires. « Des visières fabriquées grâce à une machine de découpe laser et fixées avec un serre-tête à cran », précise Denis Meunier, l’un des co-fondateurs des Usines. L’ADMR a également passé une « grosse commande », tandis que le CHU de Limoges est aussi « très intéressé ». Les Usines facturent le produit à prix coûtant : 2€ TTC. 1 000 unités peuvent être fabriquées par semaine. « L’idée est de rendre ces visières accessibles à toutes les personnes qui en ont besoin, associations, commerçants... Les protections sont à récupérer au Fablab, à Ligugé, par un système de drive. Elles sont fournies avec une notice de montage et des instructions de désinfection. Pour commander, rien de plus simple. Rendez-vous sur helloasso.com (entre 10 et 50 unités) ou par courriel à visieres@lesusines.fr (plus de 50 unités). 

D’autres initiatives ont vu le jour depuis début avril, notamment celle de l’entreprise Saï3D à Couhé, qui fabrique des visières de protection. Les « makers » de la Vienne sont aussi en pleine production sur leur imprimante 3D... et connectés grâce à la page Facebook Shields-VisiereSolidaire-Covid19- Vienne 86 initiée par le collectif de la Mélusine. Reste à savoir si les stocks de rhodoïde seront suffisants pour absorber cette demande exponentielle. 

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