La Cité des savoirs condamnée<br>avant d'avoir vécu

Le Conseil général a décidé de retirer sa contribution financière à la Cité des savoirs à partir de juillet 2013. Cinq ans après sa création, cette structure dédiée à la création de contenus numériques pour la formation n'a pas obtenu de résultats probants. Pourtant, plusieurs signes semblaient favorables à sa pérennisation.

Romain Mudrak

Le7.info

Le manque à gagner pour la Cité des savoirs est évalué à 120 000 euros par an. Autant dire que son avenir devient désormais très incertain. Une majorité d'élus du Département ne veut plus « maintenir sous perfusion» cette structure installée sur la Technopole du Futuroscope. Depuis 2007, l'investissement s'élève déjà à 740 000€.

Claude Bertaud, le président du Conseil général, a évoqué hier l'idée d'une dissolution du groupement d'intérêt public (Gip), composé du Département, de Grand Poitiers, de l'université et d'un certain nombre d'établissements publics de formation situés sur la Technopole  : Cned, CNDP, Cnam, Esen. La Cité des savoirs pourrait donc se transformer en association. Reste à savoir si son action sera la même.

Fédérer plusieurs acteurs majeurs de la formation à distance afin de concevoir des outils et des contenus pédagogiques multimédias, l'idée pouvait sembler saugrenue en 2007. Mais depuis cette époque, la technologie et les mentalités ont bien avancé. Les tablettes et tableaux blancs interactifs entrent progressivement dans les salles de classe.

La Cité des savoirs est, elle-même, à l'origine d'une expérimentation intitulée Edu'Tablettes. En septembre, quatre classes de 6e et de CM2, à Poitiers, ont été dotées de tablettes afin d'étudier leur utilisation à l'école et à la maison. Les enseignants s'en sont emparés. Tout comme au lycée pilote innovant international, à Jaunay-Clan, où tous les professeurs sont en train d'être formés (par un élève !) à l'usage de cet équipement. Après les vacances de février, l'établissement abandonnera les manuels scolaires au profit des tablettes qui équiperont tous les lycéens. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Ségolène Royal a choisi le LP2I pour annoncer la tenue, le 10 janvier, du premier forum de la pédagogie numérique en région. Le Conseil régional pourrait bien décider d'équiper progressivement tous les lycées du territoire. Et pourquoi pas d'appuyer financièrement la création de contenus pédagogiques. Le Recteur ne s'y est pas trompé, en proposant au ministre de l'Education nationale que l'académie de Poitiers figure parmi les trois académies pilotes en matière de pédagogie numérique.

Les initiatives se multiplient. Les acteurs ont tous conscience des enjeux. A la mi-novembre, un « solution manager » en charge de la pédagogie numérique de ZTE a rencontré un conseiller du président du Conseil général. On apprenait alors que l'entreprise de télécommunications chinoise envisageait de rapatrier, sur la Technopole, les serveurs hébergeant le contenu pédagogique multimédia en cours de création par ses techniciens.

Dans ces conditions, le Conseil général a-t-il bien fait de se retirer maintenant ? Réponse dans les prochains mois.

À lire aussi ...