Manoukian : « Je ne transige pas »

Le pianiste André  Manoukian est la tête  d’affiche du festival  Saint-Benoît Swing,  qui démarre aujourd'hui, à la  Hune. Ancien juré de La Nouvelle Star,  le musicien revient pour le « 7 » sur son  amour du jazz.

Florie Doublet

Le7.info

Vous êtes à la fois pianiste, star du petit écran, chroniqueur radio… Quelle est l’étiquette qui vous colle le plus à la peau ?
« Je suis un jazzman. C’est le navire amiral à partir duquel je navigue vers d’autres activités. La musique est ce qui me touche le plus. J’aime bien aussi l’idée d’être un passeur. Il faut transmettre son savoir, sa passion. Qu’est-ce qu’un professeur sans élèves ? Pour moi, le jazz est l’art des musiciens de récupérer de la créativité face à la dictature des partitions. »

Êtes-vous le même sur un plateau télé que derrière ou micro ou un piano ?
« Oui, bien sûr. Ce que je fais à la radio est la prolongation de mon travail de juré à La Nouvelle Star. Et puis, j’ai le bonheur de collaborer avec France Inter. Les chroniqueurs y ont le droit d’être intelligents, de pratiquer l’humour et de parler un peu de culture. Ce n’est pas comme à la télévision… »

C’est-à-dire ?
« Les chaînes sont obsédées par la « ménagères de moins de 50 ans ». On part du postulat que le mec qui rentre du boulot est fatigué et qu’on ne doit surtout pas le faire ch… avec un programme culturel. Ça pourrait lui faire mal à la tête. C’est un discours qu’on entend partout, même sur les chaînes du service public. Attention, j’ai adoré La Nouvelle Star (André Manoukian ne fait pas partie du nouveau jury de l’émission, ndlr). On me demandait de juger des voix. Imaginez un peu, c’est comme si vous proposiez à un gourmand de goûter des pâtisseries ! »

« Grâce à la musique arménienne »

Votre notoriété vous permet- elle d’attirer dans les salles de concert un public non initié ?
« Peut-être un peu au début. Aujourd’hui, j’ai surtout un public « France Inter ». Mais je ne change pas ma façon de jouer en fonction des gens dans la salle ! Mon jazz est plutôt d’avantgarde, tourné vers l’Orient… Je n’ai pas le sentiment de transiger avec ma musique. »

Vos origines arméniennes influencent-elles votre manière de jouer ?
« C’est grâce à la musique arménienne que je me suis remis au piano. C’est plus facile d’être en retrait que de s’affirmer devant un public avec son instrument. Ce jazz-là m’a donné la force de me lancer dans cette aventure. Et c’est formidable que la musique se nourrisse de plusieurs origines. Sans cela, elle se figerait. »

Cette année, Matthieu Boré est au programme du festival Saint-Benoît Swing. Vous lui avez consacré une chronique sur France Inter. Qu’aimez-vous chez ce jeune chanteur ?
« Oh, c’est mon chanteur préféré ! La première fois que je l’ai entendu, je croyais qu’il s’agissait d’un vieux disque des années 30 qui tournait. Quand je me suis aperçu que c’était un jeune Français, j’étais scotché. Il est bouleversant. »

Robin McKelle, une jeune chanteuse que vous plébiscitez également, est aussi passée par ce festival à ses débuts…
« Bah voilà, tout commence à Saint-Benoît ! (rires) »

DR - Gwen Lebras

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