Conseil municipal - La vidéoprotection fait débat

Attendue depuis de longs mois, l'installation de vingt-quatre caméras de vidéoprotection a été adoptée, hier soir, par le conseil municipal de Poitiers. Il a aussi été question de budget, de culture... Extraits.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Vidéoprotection
Le sujet s’annonçait brûlant. Présentée à l’assemblée par Christian Petit comme «un dispositif qui répond à une demande forte de la population, accrue par les malheureux événements du 13 novembre», l’installation de vingt-quatre caméras de vidéoprotection dans trois quartiers de la ville (Couronneries, places Leclerc et Notre-Dame) a été adoptée. Après que l’adjoint à la Sécurité a insisté sur le fait qu’il n’y aurait pas de centre de supervision urbain et que ce dispositif ne se substituait pas au travail des agents municipaux, les réactions ont été nombreuses dans l’assemblée. Premier à prendre la parole, Jacques Arfeuillère a tenu un discours alarmant. « J’ai vu les simulations, les mâts qui seront dressés aux Couronneries et cela me fait frémir. Des regards, sans visage derrière, glaçants, sous lesquels il faudra désormais passer tous les jours. Les délinquants savent éviter l’identification et les kamikazes s’en moquent. Une caméra dans l’espace public, c’est pour le citoyen un espace de liberté en moins. Je pose la question de l’utilisation de ce dispositif si Monsieur Verdin s’assoit un jour dans le fauteuil du maire. » D’ordinaire "taquine" avec la majorité, Jacqueline Daigre s’est, quant à elle, montrée plus que favorable à l’installation des caméras. « Il y a des sujets sur lesquels vous n’avez pas notre accord mais, pour celui-ci, vous avez notre entier soutien, car nous pensons que c’est une nécessité aujourd’hui. Nous ne visons plus dans un monde « bisounours » et il faut en prendre conscience. »

Devant tant de compassion de la part de l’opposition, Alain Claeys a repris la parole, expliquant qu’aucune autre caméra ne serait installée d’ici la fin de son mandat. Le député-maire a, en outre, justifié le choix des trois lieux. « Nous ne voulons pas stigmatiser ces quartiers. Ces lieux sont apparus comme les plus fréquentés, mais aussi comme ceux où le plus de faits délictueux sont commis. Je souhaite qu’une évaluation soit faite, une fois le dispositif installé, par une commission composé d’un membre de chaque parti politique. » Six élus de la majorité (deux socialistes et quatre indépendants) se sont abstenus. Osons Poitiers et les élus communistes ont voté contre. Le coût de l’opération est fixé à 356 543€ (dont 125 264€ sollicités auprès de l’Etat), comprenant la maintenance pour les trois prochaines années.


Vote du budget
Sans s’éterniser sur l’évolution des recettes de fonctionnement de la Ville, le député-maire a insisté sur l’augmentation de la Dotation de solidarité urbaine (DSU) (+1,6M€), due, selon lui, au nombre important d’étudiants à Poitiers. Cette dotation, calculée sur plusieurs critères et notamment le taux de bénéficiaires de l’allocation logement (75% des étudiants poitevins sont allocataires), permettrait, toujours selon le maire, de maintenir la fiscalité stable pour la sixième année consécutive. « On peut bien les laisser faire un peu de bruit le jeudi soir », a-t-il lancé à l’assemblée. Eclats de rire dans la salle.

Francis Chalard a, de son côté, présenté un budget de fonctionnement de la Ville évoluant à un niveau inférieur à celui de l’inflation (+0,8%). L’adjoint aux Finances a mis en avant une maîtrise de la masse salariale (45,9M€, +1,6%), une hausse des subventions versées (25,5M€, +0,7%) et une diminution des dépenses de fonctionnement courant (11M€, -2%). Il a ensuite détaillé la répartition du budget pour l’année à venir (voir notre infographie), provoquant quelques réactions mitigées de l’opposition et du groupe Osons Poitiers. « Comme diraient certains, chaque euro dépensé doit être un euro utile », a déclaré, non sans humour, Christiane Fraysse, avant d’ajouter que son groupe voterait contre le budget. Malgré le « non » de la droite, du FN, du centre, et d’Osons Poitiers, donc, le budget a été adopté.
 

Black M
En plein milieu des débats sur le budget, Christiane Fraysse s’est interrogée sur le « coût des concerts de l’été et notamment de celui qui est prévu pour Black M, qui a tenu des propos homophobes et dont la qualité musicale est plus commerciale que créatrice ». Visiblement préparé à la question, qui suscite aussi bien le débat en conseil municipal que sur la toile, Alain Claeys a coupé court. « Je n’interviens pas dans la programmation culturelle. Je ne parlerai jamais de médiocrité culturelle. » Avant de nuancer son propos. « Je n’ai qu’une limite, c’est l’ordre public et les discriminations, de quelque sorte qu’elles soient. Si des discriminations font ou ont fait l’objet de décisions de justice, j’interdirai ce concert. » Visiblement plus au fait de ce qui se passe sur le Net que d’habitude, le député-maire a ensuite lancé un appel clair aux détracteurs du concert : « Je ne suis pas un lecteur assidu de Facebook mais j’ai visité la page de l’auteur de la pétition. J’invite ce Monsieur Guillaume Bernard à venir me rencontrer. »

 

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