Médecine sous hypnose

L’hypnose n’a pas la prétention de se substituer à l’anesthésie. Tout juste aspire-t-elle à l’humaniser et à réduire le stress de l’opération.

Nicolas Boursier

Le7.info

Depuis l’obtention, il y a trois ans, de son diplôme universitaire d’hypnothérapeute médical, Sylvain Durand vit un rêve éveillé. Sa double casquette de médecin anesthésiste et d’algologue chapeaute désormais une nouvelle vocation : l’induction hypnotique conversationnelle.
Derrière la dialectique barbare, une mission suprême s’affiche. « L’hypnose, explique-t-il, est un moyen efficace d’humaniser l’anesthésie, de diminuer le stress lié à l’intervention chirurgicale et par-là-même d’optimiser l’efficacité en bloc opératoire. »
A la Polyclinique de Poitiers, le Docteur Durand et son collègue François Lebrun s’exercent régulièrement (un dixième des anesthésies pratiquées dans l’établissement) à la « modification de l’état de conscience » des patients volontaires. Leur arme ? La parole. Uniquement la parole. « Nous n’avons pas de matériel, pas de grigri. Nous ne sommes pas des Oudini. Il ne faut s’attendre à ce que nous soulevions des corps ou les fassions disparaître. L’idée est ailleurs. Dans la complicité nouée avec le patient, dans le climat de confiance et le dialogue que nous sommes capables d’instaurer avec lui. »

Dora, Bob L’Eponge et les autres

En liant la discussion liminaire à des souvenirs, des sensations agréables ou aux centres d’intérêt du patient, l’hypnothérapeute prépare le terrain à une meilleure communication entre le corps et le psychisme. « En dédramatisant la situation, nous préparons non seulement l’enfant ou l’adulte soumis à nos soins à l’anesthésie, mais en plus, nous l’accompagnons dans sa prise en charge de la douleur et de l’anxiété. Tout ce qui a été dit et entendu pendant ces dix minutes d’hypnose sert également au réveil. La récupération est souvent plus facile. »
Ce matin, il n’y a pas d’opération en vue. Dora l’exploratrice, Bob L’Eponge, Spiderman et les leurs patientent en coulisses. Depuis trois ans, ils ont envahi le quotidien du Sylvain Durand. « Ma source de documentation, c’est Gulli et Disney Channel », rigole-t-il. Sa mission se nourrit d’une quête perpétuelle de complicité. Auprès des enfants, c’est un vrai challenge. « Je parle de ce qu’ils aiment, de ce qu’ils connaissant. C’est pourquoi, je dois, moi aussi, en savoir plus sur ces sujets. Parfois, il m’arrive même de mettre un nez rouge pour amuser la galerie. »
Et ça marche ! Le masque anesthésiant se transforme en chamallow, les personnels de chirurgie en bonnes fées. Et le bout-de-chou s’élance, rasséréné, vers un beau voyage au pays des songes.
 

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