Claude Bertaud répond à Manuel Valls

Le président du Conseil général de la Vienne a très peu goûté l’annonce de la future suppression des Départements faite par le nouveau Premier ministre. Voici l'essentiel de sa réaction…

Nicolas Boursier

Le7.info

« Cette annonce a surpris tout le monde, alors que le Président de la République lui-même, dans ses vœux aux Corréziens, à Tulle, le 18 janvier dernier, a rappelé qu’il n’était pas question pour le gouvernement de supprimer les Départements, tant leur rôle de proximité est essentiel à la cohésion sociale et territoriale (...)
 
Si les Départements étaient supprimés, qui gèrerait la Solidarité, l’aide sociale, l’aide aux personnes âgées, l’aide aux personnes handicapées, qui s’occuperait de l’enfance en difficulté ? A titre d’exemple, plus de 7 000 enfants sont placés sous la responsabilité du président du Conseil général dans la Vienne. Qui gérerait le RSA et l’insertion des bénéficiaires pour leur retour à l’emploi ? Qui s’occuperait des collèges ? Du Sdis ? Des routes, des transports scolaires et des transports publics, par exemple ? La culture avec les Heures Vagabondes, le sport, le soutien aux communes et aux projets communaux ? Les Départements sont des acteurs majeurs dans le dispositif institutionnel français. Leur disparition porterait un coup fatal à l’autonomie locale et à la ruralité.
 
Le Premier ministre annonce de grandes régions. J’y suis favorable, à la condition que ces régions s’occupent des stratégies de développement, des alliances université-recherche-entreprise et deviennent des acteurs majeurs au côté des entreprises, dans le contexte de concurrence internationale très vive que nous subissons. Nombre de compétences à caractère local aujourd’hui exercées par les régions (les lycées, certaines aides aux communes, le FRIL par exemple ici en Poitou-Charentes, des politiques culturelles ou sportives) peuvent très bien être exercées par les Départements.

Ainsi, un nouveau maillage territorial, organisé autour de grandes régions, de départements, voire de communes et d’intercommunalités revues pourrait être une organisation susceptible de donner une nouvelle impulsion au Pays. C’est cette impulsion que les Français attendent. Le message qu’ils ont adressé au gouvernement à l’occasion des Municipales est, à cet égard, très clair (...)

On voit bien où peut conduire un tel programme. On voudrait supprimer quelque chose sans dire par quoi on le remplace. Affirmer que les Communes, que les Départements seraient à l’origine de l’endettement massif du pays est une erreur fondamentale. Ceux qui portent un tel jugement sont à nos yeux coupables de mensonge envers les Français. Avec la compétence générale, René Monory a fait le Futuroscope, avec la compétence générale, nous réussissons actuellement le Center Parcs. Supprimer la compétence générale, c’est vouloir bâillonner ceux qui essaient d’entreprendre, ceux qui votent les budgets en équilibre, ceux qui apportent des réponses aux habitants sur le territoire. On est dans le débat stérile, dans les procédures politiciennes, sans véritable réponse.
 
C’est une atteinte à l’autonomie des collectivités locales qui figure dans notre constitution. Nous sommes totalement mobilisés pour défendre la ruralité qui est la richesse de la Vienne, pour défendre les liens de proximité que tissent en permanence le Département et les Communes.
 
Non, les échelons locaux ne coûtent pas cher. Que le gouvernement ait le courage de dire la vérité aux Français. »

 

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